Lors sa présentation le 5 juin 2014, Pepper a été décrit comme étant « le premier robot personnel au monde capable de lire les émotions ». Les résultats ont-ils été à la hauteur des attentes?
Pepper et l’interaction avec l’humain
Pepper a été conçu afin d’être capable de détecter et d’interpréter les émotions humaines. Dans ce but, le robot est équipé de capteurs performants: 1 caméra 3D et 2 caméras HD qui lui permettent d’identifier les mouvements, mais aussi les expressions faciales. Il possède aussi 4 microphones directionnels pour localiser son interlocuteur et identifier les émotions qui transparaissent dans sa voix. Pepper est également doté de 5 capteurs tactiles (3 dans la tête et 2 dans les mains) qui sont utilisés lors des interactions avec le robot.
Mais les résultats sont mitigés. Déjà, Pepper a souvent du mal à interpréter les commandes vocales lorsqu’il qu’il y a des bruits parasites dans son entourage immédiat. Il vaut mieux lui parler dans un milieu calme, et bien en face d’un microphone. De plus, les algorithmes propriétaires du robot d’Aldebaran n’analysent pas toujours correctement les expressions du visage et les intonations de la voix. Ceci dit, Pepper est tout de même un robot en avance sur son temps en ce qui concerne l’interaction homme-robot.
Un robot à l’abord sympathique
Si Pepper peut déduire du comportement humain des émotions, il a aussi la capacité d’en simuler (rappelons qu’un robot ne ressent pas d’émotions). Il peut puiser dans une variété de tons et de registres de langue pour communiquer d’une façon adaptée à l’humeur de son interlocuteur. Le robot est ainsi capable de dialoguer dans 15 langues différentes. Pepper adapte aussi son langage corporel grâce aux 20 moteurs qui lui permettent d’effectuer des mouvements précis. C’est d’ailleurs l’un de ses grands atouts. Avec sa gestuelle, on a l’impression que le robot est vivant! Mais attention aux risques de chocs: il vaut mieux ne pas se trouver à proximité immédiate quand le robot effectue des mouvements brusques.
Une tablette tactile bien utile
Le robot est aussi équipé d’une tablette tactile qui permet d’autres interactions. On peut ainsi sélectionner des options et visualiser des informations, comme des émotions (simulées) exprimées par Pepper. On peut s’interroger sur la pertinence de l’utilisation de ce support pour l’interaction homme-robot. Le risque est d’inciter des développeurs à céder à la facilité et à utiliser principalement la tablette pour certaines applications. Ceci dit, la présence d’une tablette est très utile pour compléter les modes de communication et notamment pour pallier aux limites de la reconnaissance vocale dans un environnement bruyant.
Pepper sait évoluer dans son environnement
Pepper peut se déplacer jusqu’à 3km/h dans des espaces de plain-pied grâce à ses 3 roues omnidirectionnelles. Il peut franchir des obstacles de moins de 1,5 cm. Pas d’escalier pour ce robot! Par contre, Pepper peut garder l’équilibre et rester debout malgré de petites bousculades grâce à sa centrale inertielle. Pour éviter les obstacles, il est truffé de capteurs: 2 émetteurs et récepteurs à ultrasons, 6 capteurs laser et 3 détecteurs. L’objectif est d’éviter les collisions avec une détection d’une portée de 3m. Ces capteurs complètent les informations transmises par les 3 caméras citées précédemment (la caméra 3D et 2 caméras HD) dont les images sont traitées par un logiciel de reconnaissance de formes.
Pepper, un robot connecté
Pepper dispose d’une connectivité sans fil Wi-Fi. On peut donc lancer une conversation sur un sujet (la météo du jour, les informations, une recette de cuisine…) et il trouve des informations sur internet. Il est clair que la tablette tactile devient ici pertinente. Pepper possède le système d’exploitation NAOqi OS, commun à tous les robots d’Aldebaran. Grâce à sa connectivité, il peut enrichir une base de données dans un cloud. À noter que depuis mai 2016, le robot est compatible avec le système d’exploitation bien connu Androïd de Google. Malheureusement, le nombre d’applications disponibles reste limité.
Quel est l’avenir de Pepper?
Le succès de Pepper a été jusqu’à aujourd’hui plutôt mitigé. Adopté assez rapidement au Japon, le robot a eu plus de mal à s’imposer dans d’autres pays. Plus de 2000 entreprises ont décider de l’utiliser pour des missions d’accueil, d’information ou d’orientation de clients. Mais les expérimentations n’ont pas toujours été positives. Bugs de fonctionnement, robots qui ne répondent plus ou mal… Il y a eu quelques expériences malheureuses. À une époque, il a même été question d’arrêter la production de Pepper, ce qui aurait été bien dommage. Car malgré ses défauts, ce robot reste un bijou technologique, tellement réussi au niveau du design et de la gestuelle, qu’aurait tendance à en attendre un peu trop de lui.
Pour l’instant, Pepper est désormais proposé par Aldebaran à une clientèle ciblée: les entreprises et le secteur de l’éducation. On est loin du fantasme de science-fiction d’un robot par foyer! Notons toutefois que Pepper s’est mieux vendu que bien d’autres robots d’accueil, qui sont parfois tombés dans l’oubli. Et tout n’est pas fini pour lui. Mais l’avenir de ce robot semi-humanoïde dépendra des applications qui seront développés pour son utilisation. Et c’est peut-être là que beaucoup reste encore à faire…
